C’est vrai que je ne l’ai pas entendu, ne l’ai pas perçu. Je n’avais d’yeux que pour le corps en escalade de ma belle et future voisine et l’esprit tout à notre liaison à venir, brusque, brève et intense, là dans mon hall d’entrée qui, selon toute vraisemblance, était parfaitement identique à celui d’en face qui deviendrait le mien une fois que j’aurais trouvé le moyen d’en faire sortir Valentin et sa tribu.
Ils y étaient toujours, et à présent que j’avais atteint le palier – à deux pas de ma voisine qui s’était immobilisée au seuil de sa porte et fixait avec un rien de perplexité celle entrouverte de l’appartement censé être inoccupé –, je les entendais distinctement s’agiter, tels une bande de sioux lors d’une quelconque réjouissance en l’honneur d’une coloration particulière de la lune... Dès lors, mon inquiétude quant à la probabilité de leur départ s’est accrue, tout en demeurant néanmoins bien moindre à ce qu’elle est devenue l’instant d’après lorsque je me suis aperçu de la présence d’une femme entre nous deux, à savoir entre ma voisine et moi qui tous deux étions comme en attente d’un événement qui s’est presque immédiatement produit sous la forme de cette personne, arrêtée elle aussi et qui tour à tour nous dévisageait, et tout à coup s’est exclamée :
« Je m’appelle Raïssa et je cherche ma sœur ! » Et alors que nous détaillions sa tenue de plage et son chapeau de paille : « Pouvez-vous me dire là où que je la pourrais trouver ?... »