C’est à cela que réfléchit Guénolé, intensément, passionnément, tandis que dans l’immeuble d’à côté, j’achève de gravir les marches des cinq étages à la suite de Roseline qui ne se doute pas un instant que dans quelques minutes elle sera dans les bras d’un inconnu dont la présence derrière elle, à un palier de distance, n’a pas même atteint le seuil de sa conscience.

Je le sentais bien qu’elle ne me sentait pas, qu’elle ne me savait pas derrière elle, les yeux rivés à sa croupe ondulante qui, contrairement à ce que j’avais avancé, n’était pas un mouvement involontaire, délibéré, mais était au contraire ô combien naturel. Et je me réjouissais déjà de sa réaction, avant sa soumission et son abandon, au moment où elle serait sur le point de refermer sa porte que mon pied judicieusement placé serait prêt à bloquer. Car c’est ainsi que je voyais les choses, ainsi que je les avais prévues et préparées, et c’est certainement ainsi qu’elles se seraient passées s’il n’y avait eu derrière moi la progression régulière et déterminée d’un pas, un pas que je ne sentais pas, ne savais pas être derrière moi et qui, sans nul doute, se réjouissait déjà de ma réaction au moment où je m’approcherais de la porte pour l’aller bloquer...