Jacques est assis à gauche, Philippe est assis à droite. Tous deux ont les mains posées sur les cuisses et ne bougent pas. Leur visage est parfaitement inexpressif et leurs yeux ne s’agitent que pour suivre les mouvements de Jacqueline qui grignote en silence son repas qu’elle interrompt à intervalles réguliers pour les regarder.
Jacqueline est la dame aux crêpes ; celle qui regarde par la fenêtre et recueille les images pieuses et les reproductions de toiles à caractère biblique dont elle tapisse les murs.
Jacqueline est aussi la dame aux crêpes : le premier, celui de son mari, fils unique, qu’après toutes ces années elle n’oublie pas ; le second, celui de son fils, fils unique, décédé il y a peu et qu’elle pleure encore.
Le premier – l’époux – était rentier et collectionnait l’art, tandis que le second – le fils – était antiquaire et collectionnait les verres, qu’il vidait tant et plus depuis que sa douce – l’épouse – avait expiré dans ses bras...