Paulin est juché sur la chaise, et, en l’occurrence, il se contente simplement de gigoter et de se trémousser pour le plaisir dissimulé de la blonde et de la brune – au troisième à l’extrémité droite, c’est-à-dire dans l’exact alignement de sa propre fenêtre – qui semblent partager la même chambre et qui souvent s’appuient à leur minuscule balcon pour examiner la rue, tout en parlant, mais sans jamais se regarder, ou alors seulement lorsqu’elles sont prises d’un fou rire qu’elles étouffent on ne sait pourquoi de leur poing serré, attitude qui achève de combler Paulin : leur corps secoué de spasmes, leur longue et raide chevelure qu’elles agitent, le mouvement incontrôlé de leur cou, le grelottement de leurs seins, et le rire qui, malgré tout, lui parvient intact et entier comme si elles se trouvaient à ses côtés ou lui entre elles perché sur le balcon, sa tête entre leur bouche qui exciterait ses nerfs de leur souffle haché. Et c’est précisément ce qui se produit à ce moment-là : elles se mettent à rire. Et comme on peut maintenant l’imaginer, tournent la tête l’une vers l’autre, jusqu’à se toucher du front, leurs avant-bras appuyés sur la rambarde de telle façon qu’ils sont exactement posés dessus, sur sa longueur – les quatre portions de membre parfaitement alignées et conférant ainsi comme un bourrelet de protection à la barre –, ce qui veut dire que cette fois-ci leur main n’est pas venue entraver le rire : tout au contraire, et elles le laissent aller et s’épancher, déferler l’un vers l’autre, l’un contre l’autre, les deux rires séparés qui viennent là entre leur bouche se nouer et se grossir encore, jusqu’à ce que trop gros et trop puissants ils débordent et que d’un commun accord, dans un même ensemble, toutes deux exactement huilées, redressent la tête et fixent leur regard et leurs lèvres ouvertes sur la forme là-haut qui n’en peut plus de se tortiller et qui brutalement se met à gémir...