Louise tressaille et se tourne vers sa compagne.

« Honorine ?

– Oui, Honorine. Tu ne nous as pas dit comment ça s’était passé chez la toubi’.

– Mais... » Pour la première fois, elle semble être consciente de leur présence sur le banc du jardin. « Mais, elle est morte, Honorine !

– Morte ?

– Oui, là, sur la table, devant moi. Je...

– Oh, mon Dieu ! »

Et toutes deux, assises sur le banc du jardin du foyer, se regardent, l’une la bouche figée autour d’un « Dieu » muet, l’autre comme inanimée, sauf deux perles qui lui coulent lentement des yeux. Elles se regardent, et ne perçoivent plus rien ; n’entendent pas la porte vitrée du jardin s’ouvrir ; ne voient pas la forme blanche en franchir le seuil, silhouette décharnée, égarée dans une longue et ample blouse médicale, dont les mains et les pieds nus sont percés et encroûtés.

Et tandis qu’Honorine enduite de grâce s’approchent d’elles qui ne la voient pas encore, Romain s’envoie un dernier canon à même le goulot de sa flasque de Rome...