C’est ce que je me suis dit et j’ai été persuadé que mon regard ne pouvait rien y changer, puis, en y repensant, il m’a paru bizarre qu’elle n’ait pas dit un mot, n’ait pas fait le moindre geste - pourtant, entre voisins ! - mais se soit contentée seulement de me regarder avec, je crois bien, je ne crois pas me tromper, une hésitation, puis comme une réticence à se décoller de la voiture lorsque son type est revenu vers elle, à se détacher de moi donc, c’est bien ça... Et puis, il s’est passé plusieurs jours sans que je la voie ou l’aperçoive. Disparue, volatilisée, elle ne sortait plus de chez elle et son cabinet était fermé. Et puis, ce matin, je suis allé chez l’épicier chercher quelques bricoles, ce que je n’aime pas faire, aller chez l’épicier. Pas que je n’aime pas l’épicier ou son épicerie, ni faire les courses, mais il se trouve que chez l’épicier, il y aussi Olive... Olive, c’est la femme de l’épicier, et Olive, qui a de la graisse plein les mains, des bouts de salsifis derrière les oreilles, des potirons qui lui calent le haut de la blouse qui elle-même a sur elle tous les restes en jus de toutes les choses dont les clients n’ont pas voulu dans la journée, Olive me fait du gringue...