Cela devait être à l’époque de la première ou de la terminale, époque à laquelle j’utilisais comme cahier de textes, recueil de notes diverses, brouillon, un gros agenda professionnel de mon père (daté de 1970, mais que j’ai dû utiliser deux ou trois années de suite, ce qui m’empêche de dater précisément le fait). Dans quelle circonstance a-t-il été amené à l’avoir en main, je ne m’en souviens plus ; toujours est-il qu’il était à sa portée ; car à un moment donné il s’en est emparé, l’a ouvert à la date du jour (à moins qu’il ne l’ait déjà été : je n’ai absolument aucun souvenir de la manière dont a pu se dérouler la scène ; il ne m’en reste que cette preuve – irréfutable – présente devant mes yeux, à laquelle s’adjoint un autre souvenir postérieur, celui de m’être vu, de la même manière, confronté à l’énigme d’une scène dont toute trace semblait avoir été irrémédiablement évacuée par ma mémoire), et l’ayant ouvert à la date du jour, samedi 3 octobre, a écrit sur cette page, page de gauche (et ainsi l’effet final sera d’autant plus éclatant, d’autant plus fortement ressenti par l’observateur qui pourra même songer à y déceler de la préméditation), de son écriture irrégulière, maladroite, pour tout dire un peu enfantine, cette phrase à laquelle j’ai du mal encore à croire...