Aussi Marie est née à la maison, ce qui, d’une certaine manière, satisfait pleinement sa mère qui reste attachée à d’anciennes traditions et valeurs dont elle déplore chaque jour le lent et progressif (et inéluctable) glissement vers le cœur du fouillis du temps ; ce dont se satisfait beaucoup moins Louise qui, par un curieux hasard, vient à passer à ce moment précis sous la fenêtre de l’événement.

C’est la fenêtre du premier étage, et elle est ouverte. Marie naît et Louise vient à passer, et au cri perçant et épouvantable que Marie pousse à cet instant, Louise s’arrête et lève le nez.

Elle lève le nez vers la fenêtre, le visage crispé et le corps tendu. Et comme elle découvre la balustrade du balcon, un frisson lui parcourt les membres et elle se met à trembler.

À cheval sur la balustrade du balcon, reposent trois pièces de linge ou de tissu. Elles sont juxtaposées. La première est une petite couverture en laine de couleur bleue ; la deuxième, un drap blanc ; et la troisième, une robe de chambre incarnat en gracieux pilou.

C’est cet ensemble coloré que Louise à présent fixe, ensemble joint au cri, qui la fait trembler, puis la pousse à lever plus haut le nez, c’est-à-dire vers le ciel, le ciel à la surface duquel elle voit distinctement se dessiner une plaie, et, s’échapper des lèvres maintenant ensanglantées, la lame effilée d’un couteau...