Accompagnant cette carte, dans la boîte aux lettres du 3B du numéro 9 de la rue V., s’en trouve une autre, en provenance de la Pologne et dont la signataire est Natacha...
Natacha, contrairement à ce que son prénom pourrait laisser supposer, n’est pas russe, mais polonaise ; du moins d’origine, par ses grands-parents qui les premiers de la famille ont posé le pied sur le sol de France. C’était dans le bassin minier du Nord/Pas-de-Calais où ils ne pensaient faire qu’un arrêt – saluer des amis qui les avaient précédés – avant de poursuivre leur route jusqu’en Amérique (laquelle ?), véritable but de leur voyage où, en définitive, ils ne sont jamais entrés.
C’était quelque teps avant la guerre, et cette année leur petite-fille – fruit de leur fille et d’un autre enfant d’immigrés polonais – va avoir trente ans.
Elle s’appelle Natacha, et si elle n’a jamais fait grand cas de ses origines – encore qu’obscurément elle en conçoive une certaine fierté –, elle s’est toujours promise, un jour, de s’y rendre, par simple curiosité. Et cette année, profitant du prix défiant toute concurrence d’un voyage organisé, elle y est allée...