Amandine, je l’ai dit, figurait l’Olympia, de Manet. Ça a été instantané, je l’ai aussitôt trouvé , moins à cause de la pose, qui somme toute est assez ordinaire, que de son visage et de son expression criants de vérité.

Rolande, elle, était assise près de la table, sur une quelconque chaise, suffisamment éloignée d’elle pour que je puisse la voir en totalité, mais sans pour cela qu’elle ait l’air d’en être séparée. Elle l’occupait de travers, c’est-à-dire qu’elle utilisait le dossier comme accoudoir. Le bras gauche y était posé, et replié afin que sa main soutienne sa tête. Le bras droit, dont je ne voyais pas la main, était de même plié, et glissé entre le dossier et le bras gauche. Son corps était légèrement voûté et penché en direction du dossier comme si, davantage que sa tête, c’était lui-même que sa main gauche retenait. La jambe droite était légèrement avancée, tandis que la gauche était déplacée sur le côté et repliée de manière à ce que la cheville aille s’adapter à l’angle intérieur de son genou droit. Sa tête était surmontée d’un chignon ; ses paupières étaient closes ; sa bouche, aux commissures tombantes, n’exposait que sa dentition du haut. N’émanaient d’elle que fatigue et lassitude, et je pouvais très facilement croire qu’elle était sur le point de s’assoupir...