Mais Épiphanie n’a rien compris ; manifestement, elle s’y entend mieux en bacs, en éprouvettes et en becs Bunsen qu’en athlètes obtus, car le 31 juillet n’était pas encore achevé qu’Alban bouchonnait Porte de la Muette en direction de l’autoroute A13 pour Royan où il avait à suivre un stage de maître nageur.
Alors, les jours ont passé, mornes, pesants et infinis ; premiers jours d’août où à chaque fois qu’elle poussait sa porte le soir, elle pensait défaillir, où à chaque fois qu’elle refermait sa porte – pour une nuit solitaire parmi les effluves encore persistantes du beau corps d’Alban (mélange de sueur saumâtre et d’une espèce d’onguent huileux dont il se frictionnait abondamment les muscles matin et soir) –, elle croyait mourir.
Et un beau soir, la porte s’est rouverte plus tôt que prévu, c’est-à-dire non le matin suivant, mais à peine quelques minutes après qu’elle l’avait refermée, verrouillée. Elle était dans la salle de bains, à essuyer une larme tout en se déshabillant et en considérant dans la glace son visage dont toute jeunesse semblait s’être enfuie. Elle avait encore sur elle sa jupe et, pour le haut, l’un de ses soutien-gorge à bonnets coniques et largement couvrants qui avait tant étonné Guillaume lors de son bref passage chez elle...