En entendant la clochette de la porte, Ida se fige. Cherche des yeux l’heure, puis, très vite, remet tout en place : la faveur autour des photos, les photos à la droite du tiroir, le tiroir qu’elle referme comme elle l’avait trouvé, juste entrouvert ; puis, en quatrième vitesse, elle quitte la bibliothèque et descend les escaliers jusqu’à la cuisine où elle s’attend déjà à trouver Anicet ou Guénolé, l’un ou l’autre, ou l’un et l’autre qui, de toute manière, n’auraient pas manqué de remarquer la rougeur de son visage, le désordre de ses mouvements, la précipitation de son souffle.
Mais la cuisine est vide. Ainsi que l’arrière-boutique.
Alors, elle passe dans la boutique. Près du comptoir attend patiemment une figure familière, celle de Marthe.
« Bonjour, Ida.
– Oh, bonjour mademoiselle ! »
Marthe est une fringante personne d’une trentaine d’années, propre, bien mise, se tenant bien droite et munie d’un attaché-case et d’une épinglette au col glorifiant la société d’informatique qui l’emploie et où elle est en passe de devenir grande responsable...