Il le sert pourtant, les quatre fois, avec déférence et cordialité, et quitte à ce que ça dépareille, avec une touche de familiarité lorsqu’il apporte la cinquième offerte par la maison. Et Lucien savoure, et Lucien déguste, et Lucien est aux anges qui croit là assister à sa seconde naissance, Lucien qui n’en peut plus de gratitude et de pure joie tandis qu’il entame son dernier jus de houblon saupoudré d’un fort concentré de trompette-des-morts.

Il l’entame et le vide, et c’est à contrecœur qu’il le quitte sans avoir omis auparavant de serrer la main du patron tout en lui promettant de revenir au plus vite goûter son incomparable bière et son incroyable gentillesse. En titubant, il traverse la chaussée et atteint, vaille que vaille, mais sans encombre, la porte d’entrée de son immeuble.

Sans encombre. Le patron, pâle ténor et bistrotier aigri, aurait fait de même un piètre mycologue...