Elle note sans peine la légère répulsion qui marque les plis de sa bouche, réaction dont elle a l’habitude, qu’elle rencontre souvent, mais qui l’indigne toujours autant, et la pousse, dans un premier temps, à ne pas répondre, mais qu’elle s’efforce, dans un second, d’oublier pour lui expliquer l’impossibilité pour elle et son mari de procréer, et donc le recours à l’adoption d’autres enfants, et plus précisément – à ce moment-là, sa voix s’élève et l’on y sent la résolution, la fierté et le défi – d’enfants étrangers :
« Habib, qui a quatorze ans, est maghrébin ; Kevin, qui en a dix, est indien ; et...
– Un reste de colonie, sans doute ! » Son visage s’est subitement éclairé.
– Pardon ?
– Non, rien.
– Et le dernier qui...
– Ah, parce qu’il y en a un troisième ?
– Oui, un troisième ! »
Elle se sent légèrement décontenancée. Puis franchement mal à l’aise lorsqu’il dit :
« Togolais, je présume... »