Par la fenêtre, il considère le petit jardin, la pelouse, l’appentis, le mobilier de jardin, le barbecue, le râteau qui gît. Puis lève les yeux sur le carillon : déjà en retard ; il estime que dans moins d’une demi-heure, ils y seront, ça le rassure, mais il faut pour cela se dépêcher et vraiment terminer de s’apprêter.

En ce qui le concerne, il ne manque plus que la cravate et les chaussures ; et la veste, évidemment. C’est l’affaire de deux minutes, tout au plus. Quant à elle...

Il se saisit de sa cravate et passe dans le couloir.

« Alors ? qu’est-ce que tu fiches ? »

Pas de réponse. Mais il y a plus urgent ; et il retourne à son verre dont il boit une gorgée, puis, en empruntant le couloir, gagne le jardin et range le râteau sous le petit appentis. Après quoi il va jusqu’au meuble à chaussures près de la porte d’entrée ; il en tire une première paire, puis une deuxième, puis une troisième qu’il place à côté des deux précédentes. Il les regarde une à une, consciencieusement, puis gagne la salle de bains, approche son visage de la glace au-dessus du lavabo, inspecte sa peau, y cherche un bouton ou un quelconque poil qui aurait échappé au rasage, et remarque à ce moment-là la mèche qui sur son front a repris son ancienne position, vrillée et avachie, celle qu’il ne peut supporter de voir...