Mais sache qu’elle s’appelle Carmela Belmonte, qu’elle a trente-neuf ans, qu’elle est née à Lens, habite Strasbourg, a deux enfants dont l’un a dix-huit ans, qu’elle vit séparée d’un bisexuel qu’elle aime et qui l’aime mais les choses dans un cas pareil ne sont pas aisées, qu’elle écrit des poèmes – l’un d’eux a été le prétexte pour venir s’asseoir à côté de moi alors que j’étais plongé dans Hocus Pocus –, qu’elle a écrit un livre sur la bisexualité, essaie de se faire publier chez Gallimard ou alors aux États-Unis en italien, qu’elle trouve que je ressemble à un acteur dont elle a oublié le nom, qu’elle me donne vingt-sept ans, me trouve de bonnes vibrations, qu’elle m’a montré ses photos de famille, m’a invité chez elle à Strasbourg – adresse griffonnée sur un marque-pages –, qu’elle aime bien Brel, trouve que la vie c’est pas facile, qu’elle sort d’une dépression nerveuse et trouve que beaucoup d’Italiens se marient avec des Polonais...
Je n’avais qu’une seule idée en tête : arriver et filer...