Charles, qui laborieusement recherche dans les généalogies monarchiques et impériales la trace d’un lointain et éminent parent, porte monocle.
Son profil et sa moue n’ont rien d’aristocratique, mais il s’évertue néanmoins à s’en donner l’air ; et il est vrai qu’avec son cheveu abondant qui ondule et gondole, sa tempe qui frisotte et grisonne, son maintien vertical et son port de tête roide, son Prince de Galles net et son foulard cachemire de soie, il en impose et parvient à s’en faire accroire, et n’importe qui pourrait penser sans peine qu’il est issu d’une branche nobiliaire – celle des Valois ou des Guermantes, par exemple – s’il n’y avait eu été le monocle, le monocle qui, quoique bien vissé et parfaitement calé, n’a jamais pu endormir totalement un frémissement continuel de la joue qui trahit immanquablement du sang nourri à la chair de Barbés plutôt qu’à celle d’une lointaine et prospère Versailles...