Mais hier, il n’a pas mangé, a refusé toute nourriture, même sous la forme d’un bout de petit beurre dont pourtant il raffole tant. Et ce matin, le contenu de la gamelle était intact, alors que lui s’était encore vidé.

Alors, tout le monde s’est dit en silence que c’était fini, que si Médard ne mangeait pas, c’est que c’était fini, qu’il n’y avait plus qu’à attendre le moment fatidique – mais quel moment ? où se situait-il ? comment le sentir et le fixer ? et secrètement chacun espérait le retrouver un matin éteint, mort de lui-même, sans qu’on ne l’y ait aidé – où il faudrait prendre la décision, décision d’un nouvel et ultime appel au vétérinaire qui cette fois consentirait à se déplacer.

Mais rien n’est jamais fini ; et Gilbert – à qui Raymond a exceptionnellement permis de rester à la maison – le pense bien, qui tout à l’heure l’a vu engloutir sans peine et sans hésitation le bout de sucre qu’il lui présentait...