Ils sont donc là, comme à l’accoutumée, comme chaque mercredi, et à ce stade, et tandis que l’ampoule dans la poche se réchauffe (ce n’est en rien gênant, la température n’a strictement aucune influence sur l’occipadréine), ils se demandent comment ils vont procéder, comment ils vont amener mémé Jacqueline à consommer une quelconque boisson à base de caféine alors qu’elle ne boit pas de la journée, et, en tout état de cause, jamais en leur présence.

Ils vont se le demander longtemps, et, en définitive, vont y parvenir. En tout cas, tout porte à croire qu’ils y sont parvenus, car la première chose que l’on a découvert en entrant dans le séjour ce matin (après que la porte a été enfoncée, par des passants, des voisins, c’est-à-dire toute personne suffisamment proche pour entendre les hurlements épouvantables qui s’échappaient de la maison, hurlements qui n’ont fait que s’amplifier une fois qu’ils y sont entrés), c’est une multitude de sachets de thé usagés qui jonchaient la table et le sol et parmi lesquels se contorsionnait la mémé du 11, celle dont on n’avait jamais eu à se plaindre et que l’on avait même fini par oublier...