Jacques est à Philippe ce que Philippe est à Jacques, sauf l’indice de cruauté un peu moindre chez Jacques qui, moins inabordable, peut prétendre quelquefois à la qualité de bel indifférent.
C’est ainsi généralement que le considère l’observateur pas très au fait de l’immense étendue et de l’incalculable variété du catalogue des tares humaines.
Ce n’est pas le cas de Jacqueline qui, dans le mutisme et la distance effrayante de son petit-fils – pour qui, malgré tout et avec une certaine réticence, elle a une très légère préférence –, ne voit que le signe de la dégradation galopante de la jeunesse à travers le temps, sans y voir aucune tare, ni vice : cette dégradation, elle ne l’explique pas, mais la constate, simplement, et si elle n’en est pas spécialement ravie, si elle ne le comprend pas vraiment, elle l’accepte ; et donc la pardonne... Aussi, elle pardonne Jacques – mais Philippe aussi, du reste, quoiqu’avec une légère retenue et parfois de la réserve – pour son comportement et son attitude : elle sait qu’avec le temps, les deux s’assoupliront et s’humaniseront.
Et en effet, Jacques change déjà, s’adoucit, car, contre l’avis de son frère – qui du reste n’est pas encore mis au courant –, il commence à pencher pour le poison plutôt que pour la strangulation...