« Des inédits en pirate ! Le must ! »

Il jette un coup d’œil en direction de Vivien – qui a parfaitement remarqué la manœuvre mais fait mine de rien – dont il connaît en outre l’aversion pour les anglicismes de tout poil, puis salue Isidore avec de grands gestes extatiques et une mine de volupté qui ont plus à voir avec la bouteille qu’avec la présence de son porteur dont il n’est pas le seul à regretter la venue.

Il s’en empare et consulte l’étiquette.

« Et pas de la merde, qui plus est ! T’as des verres, Bénédictine ? »

Elle a un geste négligent et las en direction du bar sous le meuble à disques, c’est-à-dire à gauche, à ses pieds, elle adossée à la même place que précédemment.

Il s’accroupit – alors qu’il aurait pu tout aussi bien se pencher, simplement – et, le nez à deux doigts de ses genoux scintillants, prélève deux verres (en omettant donc volontairement Isidore) ; il les place en équilibre instable dans le creux de sa main droite, tandis que de l’autre bras il lui enlace les jambes.

Rapidement, il dépose un baiser sur son mollet, puis relève la tête pour juger de l’effet. Mais l’effet est nul : son corps est resté parfaitement inerte, ignorant du contact, et sa seule réaction est celle de sa bouche qui, sans que sa tête ne bouge – droite et les yeux braqués droit devant elle –, dit d’un ton blanc...