Je ne regarde jamais le calendrier ; il n’est là que comme accessoire, élément obligatoire d’un bureau, et je crois même que c’est Roseline qui l’y a mis. Mais je regarde souvent par la fenêtre, et plus particulièrement, je regarde l’immeuble d’en face dont le troisième étage, moi une fois assis, m’est parfaitement visible.

Lorsque j’ai relevé la tête du calendrier – ma tête troublée, étourdie, engourdie –, mes yeux se sont machinalement posés sur l’immeuble d’en face, et plus précisément sur la fenêtre à l’extrême gauche du troisième étage derrière laquelle j’ai noté une présence.

Derrière les vitres fermées et dépourvues de rideaux, se tenait une fille. Elle avait les cheveux bruns, courts, bouffants et bouclés. Elle était légèrement déhanchée et était accoudée – sa main gauche enfouie dans sa chevelure, découvrant ainsi sa tempe et son oreille – au coin du chambranle et de la croisée. Je ne sais comment elle était vêtue car je n’ai vu que son visage, son visage qui a senti mon regard et s’est levé en ma direction. Durant un moment, nous nous sommes regardés, puis elle m’a tiré la langue et a replacé son visage dans sa position initiale sans plus s’occuper de moi...