Guénolé est le fils du mercier. Il a une vingtaine d’années et vit là seul, en compagnie de son père, au-dessus de la petite boutique.
Guénolé a une petite amie. Elle a une vingtaine d’années – quoiqu’en réalité elle en ait moins, mais elle n’a pas trouvé de raison suffisamment bonne pour le lui avouer, pour lui ôter de l’esprit la certitude de cet autre âge qu’il lui a lui-même attribué – et se prénomme Ida.
Elle passe souvent ses nuits-là, avec Guénolé, dans sa petite chambre qui n’a pas tout à fait abandonné ses couleurs et ses odeurs d’enfance. Mais souvent elle y passe aussi ses jours, puisqu’elle n’a pas trouvé de raison suffisamment bonne pour continuer à filer, en catimini, à l’aube, avant que son père – celui de Guénolé – ne se lève. Aussi, un matin, il l’a découverte dans la cuisine, à demi-nue, en train de préparer le petit déjeuner.
« Guénolé m’a dit que vous preniez du café le matin. Mais il ne m’a pas dit si vous l’aimiez fort ou non.
– Assez fort. Presque trop.
– Et pour le sucre ?...