– Attendre quoi, mademoiselle ?
– Je ne sais pas, mon petit Rémi. Attendre la fin de la journée, bien sûr, pour sortir, faire le chemin à l’envers et rentrer par devant, en ayant l’air d’être épuisée, de n’en plus pouvoir après une bien rude journée. Et là m’enfermer chez moi jusqu’au lendemain matin ; mais pas que ça, il n’y avait pas que ça, je n’attendais pas que ça. J’attendais aussi autre chose, je ne sais pas, peut-être un cambrioleur qui, en ayant vu mes stores baissés, aurait pensé qu’il n’y aurait personne et serait venu. Et au lieu de personne, il m’aurait trouvée, moi. Et là, peut-être, on aurait pu, je ne sais pas moi, peut-être parler, ou autre chose, je ne sais pas... Alors, j’étais assise et j’attendais. Et le cambrioleur que je n’étais pas sûre que c’était lui que j’attendais est venu.
– Il est venu ?
– Il est venu : sans bruit, il a ouvert la porte et il est entré. Et tout de suite, il s’est mis à fouiller l’appartement, tout de suite il s’est mis à cambrioler. On pourrait penser qu’il m’aurait vue et qu’il se serait arrêté, ou peut-être même parti. Mais non : il a fait son métier de cambrioleur, alors que moi, j’étais là, en plein milieu, on ne pouvait pas plus visible. J’étais là et il fouillait. Et tout le temps qu’il a fouillé, il ne m’a jamais regardée une seule fois : j’étais comme invisible et lui il était comme chez lui...