Calme, méthodique et très sûre d’elle, Martine s’affaire autour de la table médicale où repose le corps inconscient d’Honorine.
Elle fait ce qu’il faut, c’est-à-dire ce que tous les médecins font dans ces cas-là, et tandis que l’aiguille pénètre dans le bras lâche et décharné, elle attend le résultat de son enquête, en s’étonnant dans le même temps de n’avoir pas pensé une seule fois à Rémi depuis la chute de la fille sur le trottoir.
Elle l’avait déjà aperçue dans la rue et en avait supposé qu’elle y habitait, et comme elle ne se souvenait pas de l’avoir vue chez un quelconque de ses patients – dont elle connaît précisément les noms, les visages et la progéniture –, elle s’était rabattue sur le foyer. Elle n’y était jamais allée et, à tout hasard, elle y a dépêché l’un des passants bienveillants.
Et enfin, on sonne,
« Rosine ! »
et Rosine s’extirpe de son cagibi, court jusqu’à la porte, introduit une adolescente qui court aussitôt jusqu’à la table où elle s’arrête brutalement et s’écrie, les mains à la bouche :
« Mon Dieu !... »