L’été raccroche son costume à la patère et l’automne commence à brosser le sien. Pas moins…
Sur les routes, quelques vies pressées encore s’effacent, mais pour le plus grand nombre, tout va bien : tout le monde est rentré, demain tout reprend son cours. Ainsi, demain, tout recommence, et s’il n’y avait pas eu quelques grains de sable au fond d’une poche ou un débris de peau pelée accrochée à une omoplate, on pourrait tout aussi bien croire que rien ne s’est passé, que rien n’a eu lieu : que les mois, ou les semaines, qui viennent de s’écouler ne sont tout au plus qu’une fantaisie considérablement compressée (réduite à la taille de ce grain de sable ou de cette pelure arrachée, par exemple) dont la valeur, exprimée en temps, n’excéderait pas la fraction de seconde nécessaire à la vie pour s’exprimer une dernière fois avant de s’esbigner au profit du trépas. Tout recommence, et si l’on voulait y réfléchir un tant soit peu, on trouverait l’idée intolérable que les choses ne valent que par le souvenir que l’on en aura (on rétorquerait, évidemment, qu’il est de bons souvenirs et que la mémoire est le « puits de l’avenir » [sic] ; ce à quoi on répondrait qu’un puits n’est jamais qu’un trou d’obscurité et d’inertie, alors que la mémoire ne vaut que si elle est mobile et étale, et si l’avenir doit se nourrir de quoi que soit c’est seulement et uniquement de néant puisqu’il n’est qu’une pauvre vue de l’esprit)...