Gildas est assis sur le lit de son cosy, celui de son enfance, le même, mille fois peint, repeint, verni, reverni. Il tripote une guitare électrique en forme de croix sur laquelle il plaque de temps à autre un accord raté, dissonant, dissonance involontaire. Son nez pointu émerge du cuir, du fer et du poil dont il est constitué. On voit aussi la bouche qui parfois s’ouvre édentée sur un cri de rébellion, copie pas exactement conforme de ceux qui, à longueur de journée, lui emplissent les oreilles via les écouteurs reliés en permanence à son baladeur. Derrière lui, sur des étagères, s’alignent, en couches superposées, les ouvrages de messe noire et autres manuels d’ésotérisme, ou d’idéologie extrémiste, qu’il n’a jamais lus et auxquels, de toute manière, il ne comprendrait rien, mais qu’il se doit de posséder et de mettre en évidence pour parfaire une image que seul Vincent est amené à contempler...