Il y a, au troisième étage de cet immeuble, une Geneviève qui chaque matin, avant de s’en aller, de quitter son appartement, ferme le store de la fenêtre principale qui donne sur la rue afin que l’on sache bien qu’elle n’y sera pas de la journée qu’elle passera au-dehors à son emploi de vendeuse dont elle a, pense-t-elle, l’allure et la mise.
Une fois le store baissé, elle jette, entre deux lames écartées, un rapide coup d’œil sur le trottoir d’en face, puis sur la chaussée, puis sur son intérieur qu’elle considère comme si elle le voyait pour la dernière fois dans son état d’ordre parfait : pas une chose qui ne soit à sa place, pas une graine de poussière apparente. Une fois dans la rue, elle fait le tour du pâté, du moins le demi-tour, jusqu’à cette porte cochère de l’autre côté qui mène à la cour, qui elle-même permet l’accès à la porte de l’escalier qu’elle emprunte jusqu’au troisième étage où la porte de gauche se referme sur elle.
Il ne s’est pas passé cinq minutes entre son départ et son retour. Elle verrouille la porte à double tour et, comme chaque matin, s’assoit à la table de la salle à manger, près du store, où elle attend toute la journée l’improbable cambrioleur qui viendra dévaliser son intérieur, sans l’omettre, elle, comme si elle faisait partie du mobilier...