Et enfin, apparaît le premier, grand type, avec un feutre sur la tête et une mallette à la main, qui sourit comme s’il participait à une course dont il était assuré d’être le premier ; course dont la ligne d’arrivée serait les seaux ; seaux qu’il ne voit qu’au dernier moment et qu’il cherche malgré tout à éviter en une grande et ultime enjambée qui, trop basse, ne les évite pas : son pied percute celui de droite de plein fouet...

Et surgit le second, une sorte de petit frisé qui, attaché à la rampe, glisse plus qu’il ne dégringole, tellement il va vite, tellement il est terrifié, si terrifié qu’il ne voit rien, ne cherche rien sinon à fuir et à détaler et propulse dans les airs le second seau qui à la première eau déversée ajoute la sienne...

Le grand a tourné à gauche, le frisé s’est éclipsé par la droite, et Félicité considère, poings sur les hanches, la porte d’entrée par laquelle ils viennent de disparaître. Puis, contrariée pour un bon moment, rallume son chéroute et va s’asseoir sur la troisième marche de l’escalier d’où elle contemple la nappe tiède de toute l’eau de sa matinée qui s’écoule doucement sur le trottoir...