C’est à ce moment-là que retentit le cri, un cri de femme, long, terrible et pénétrant, un cri qui vient de là-haut, et vraisemblablement de très haut ; elle en est certaine lorsque retentit le second, plus appuyé et plus long, qui lui permet de faire une estimation plus précise et de le localiser au troisième, c’est-à-dire chez l’une des deux filles seules, et plus précisément chez celle de l’appartement de gauche puisqu’elle a croisé celle de l’appartement de droite, dans la rue, en arrivant. Et puis il y a le fracas, un fracas épouvantable, comme si l’on faisait choir des meubles avant de les briser à coups de hache ou de masse ; et puis il y a une porte qui claque, très fort, bruit qui se répercute dans tout l’immeuble et aussitôt est suivi d’une cavalcade, galopade d’un pas précipité qui descend l’escalier, pas qu’accompagne un second claquement de porte et une seconde cavalcade qui semble la réplique exacte, mais à retardement, de la première... Deux personnes dévalent maintenant en trombe les trois étages de l’immeuble, et Félicité, la main agrippée à la naissance de la rampe, écoute, attend, le regard levé mais ne voyant rien, le chéroute pendant éteint qu’elle ne pense pas à rallumer...