Mais, contre toute attente, il n’a pas bougé, n’a pas réagi. Qu’attendait-elle exactement, elle ne le savait pas, et justement elle s’était posé la question de savoir quelle serait sa seconde réaction à un second grognement où étaient concentrés la rancœur, la colère, la rancune, la déception, l’amertume et la consternation.
Il n’a pas bougé, est resté ainsi, parfaitement immobile, tête basse, les coudes collés aux accoudoirs et les mains pendantes au-dessus de ses cuisses maigres serrées l’une contre l’autre.
Alors, elle en a préparé un troisième, qu’elle a pris bien soin de tester au préalable en pensée ; mais qui, en définitive, n’a pas eu davantage d’effet que le second (devenu deuxième, par conséquent) et l’a alors amenée à en pousser un quatrième qui tout autant que les deux précédents ont été parfaitement vains ; ainsi que le cinquième, puis le sixième, qui déjà débordaient largement et prenaient les accents du son articulé, puis le septième qui a atteint et dépassé les limites du grondement oral, et le huitième celles du cri lorsqu’elle s’est aperçu qu’il dormait et s’était souillé...