Son père est carabinier à Varese et ne rentre à Paris que pour les week-ends. Sa mère s’occupe d’offset dans une imprimerie en banlieue et passe ses soirées de semaine solitaires sur des manuels d’ultramicroscopie. J’ai cherché sur le visage d’Épiphanie des traces d’italianité et dans les activités de ses parents un quelconque rapport avec la langue grecque. Je n’en ai pas trouvé. Alors, à bout de ressources, je lui ai demandé ce qu’elle faisait, à quoi elle travaillait dans ce laboratoire où finalement je n’étais pas entré puisque déjà j’avais décidé de la raccompagner.

C’est ce que je faisais, la raccompagner, de son lieu de travail jusqu’à chez elle, trajet relativement court puisqu’elle le faisait toujours à pied. En cours de route, elle m’a appris qu’elle s’occupait de muscles. Mais encore ? Je m’occupe de muscles Mais de quels muscles ? De tous les muscles : les peauciers, les congénères, et tous les autres aussi. Tous les muscles. Ça doit être passionnant, ai-je dit. Moins que vous ne le croyez, en tout cas bien moins que l’anesthésie segmentaire de laquelle je tâte un peu et dont je pense bientôt me faire une spécialité...