Ce serait donc une fille, et elle a sans doute raison (encore qu’il faille voir si effectivement cette naissance, pour l’instant purement hypothétique, tombera bien à propos, c’est-à-dire dans le cadre de notre sujet) ; mais là où elle se trompe, erreur pardonnable puisqu’elle ne peut être au fait de toutes les données des règles qui régissent la vie de la rue, c’est sur le choix du prénom. Car, à l’heure où nous parlons, heure bien éloignée de celle où nous l’avons mise sous presse, un couple émerge d’une voiture et bras dessus bras dessous, s’approche d’une maison devant la porte de laquelle il fait halte.
L’homme frise la quarantaine ; il est grand, frisé, avenant et souriant : il se prénomme Christophe.
La fille est grande, rousse et parsemée de taches de son : elle se prénomme Émilie et a à peine vingt ans...
Émilie – le prénom – a quelque chose d’anglais, de sucré, et pour tout dire, de lisse : Émilisse.
Émilie a aussi quelque chose de la mie, c’est-à-dire une idée de moelleux et de tendre, quelque chose d’une substance sans goût ni saveur réellement définis, mais qui agréablement fond dans la bouche : É-mie-lie...