Élisée, disciple d’Élie, disposait d’un manteau doté de pouvoirs surnaturels. Sans se donner la peine d’en savoir davantage, elle a illico accepté cette particularité et l’a faite sienne ; et à partir de sa quatorzième année, on a pu la voir perpétuellement revêtue d’un long manteau en poil de chameau qu’elle ne consentait à ôter – mais seulement pour le suspendre à son bras – qu’en cas de canicule, temps durant lequel certaines résolutions – aient-elles été des plus fortes – se doivent d’abdiquer, de capituler.
Et c’est précisément ce manteau qui, un jour, a fait apparaître à sa porte quatre sirènes qui, quoique ferventes et à plus d’un titre illuminées, n’en étaient pas moins au fait – surtout Louise – de nombreuses histoires que l’on se rapporte dans l’Ancien Testament, dont celle, justement, d’Élisée et de son manteau.
Ont-elles vu là un signe ? C’est bien probable. Néanmoins, elles se sont bien gardées de le mentionner, surtout Louise, qui a été seule à prendre la parole – mais c’était bien là son rôle – et, avec un étonnant brio (plus étonnant qu’à l’ordinaire, comme si elle avait pressenti la réticence qu’elle allait rencontrer quelques minutes plus tard, alors que rien dans l’attitude d’Élisée, posée et attentive, ne l’indiquait), s’est faite la chantre de cette nouvelle épopée mystique en laquelle son interlocutrice avait assurément sa place et une voie toute tracée...