La main de Roméo n’est pas encore retombée qu’elle a déjà quitté le comptoir, le bras droit tenant bien haut un plateau surchargé de multiples consommations, dont elle se déleste au fur et à mesure de sa traversée de la salle jusqu’au fin fond où ne subsiste plus que le vieux whisky ; qu’elle dépose effectivement devant le juge, mais après un moment d’hésitation car elle s’aperçoit alors qu’il n’est pas seul et que l’autre personne n’a rien commandé.

Ou alors, l’aurait-elle oubliée ? ou bien n’aurait-elle pas entendu, ou mal compris ? Mais non, car à ce moment précis, le juge tend la main vers celle, posée à plat sur la table, de la jeune femme qui lui fait face et à laquelle il dit :

« Tu ne veux vraiment rien prendre, Élisabeth ? »

Élisabeth fait non de la tête, en se forçant d’un sourire qui, étrangement, détonne davantage dans l’allégresse ambiante que si elle s’était répandue en larmes...