Ce n’est pas le premier de ce mois que Denis a eu son exemplaire du numéro 10 du Petit Écho ; ni le 2, ni le 3 ; ni même le 4 ou le 5 ; et pas davantage le 6, le 7 ou le 8, mais bien ce matin même du 9 octobre où, à bout de forces, lessivé – il était aux alentours de six heures –, il s’est assoupi à même le paillasson de son hall d’entrée où, profitant des derniers jours de congés qui lui restaient, il avait décidé de passer autant de veille qu’il aurait fallu pour mettre la main sur le mystérieux facteur du Petit Écho du Quartier (encore que les choses ne se soient pas tout à fait passées de cette façon-là ; du moins pas comme il l’avait imaginé, car dans son esprit – et tout autre personne à sa place aurait pensé de même – il y avait la certitude qu’à la première nuit tout se serait résolu).
Il s’est endormi aux environs de six heures, après avoir tenu bon huit nuits de suite, et lorsqu’il a ouvert l’œil – il devait bien être dix heures –, il était là, plié en deux dans le sens de la longueur et ceint de sa bande rouge coutumière, en porte-à-faux contre son genou droit, suffisamment éloigné de la boîte aux lettres et disposé d’une manière trop précise pour que l’on ait pu croire que ce n’était pas par la fente qu’il s’était glissé, mais était passé au travers de la porte au bout d’une main immatérielle qui serait venue là le déposer...