Et bon gré mal gré, Crépin chausses ses hideuses Souploss, dont tout le monde au bahut va se gausser ; et en effet, ils se gaussent, sarcasmes et moqueries qu’il tente comme il peut d’ignorer, appliquant depuis la rentrée (seul moyen qu’il ait trouvé pour espérer s’en sortir la tête haute) la très délicate tactique de la distance et du mépris, stratégie qui viserait, à long terme, à un retournement de la situation. Et comme s’achève le deuxième mois de l’année scolaire – semaines durant lesquelles il ne s’est jamais départi d’un rictus de pur dédain à l’égard de ses pourfendeurs chez qui il commence à noter un net relâchement des attaques et des railleries (non parce qu’ils se lassent, mais bien parce que petit à petit le doute s’installe en eux) –, il se dit qu’il n’est peut-être pas loin le temps où Nique, Rebouc et Dalidas ne seraient plus que honte visqueuse au bas de leurs jambes, et que l’année à venir pourrait bien voir le règne de la basket taïwanaise ; et dès lors il serait du meilleur ton d’avoir la chaussure la plus horrible et la plus rapidement usable, vague dont il n’est pas imprudent d’affirmer que Crépin serait le porte-drapeau...