Ils ont une quarantaine d’années, portent une blouse blanche identique et, à la main, une lourde sacoche noire. L’homme de gauche a la main droite enfouie dans la poche droite de sa blouse, tandis que celui de droite a la main gauche plongée dans la poche gauche de sa propre blouse, et à les voir ainsi, l’un à côté de l’autre et parfaitement disposés de part de d’autre du corps de Rodolphe, et quoique leurs traits ne soient en rien ressemblants, Silvère a la fugitive et désagréable impression que l’un est le reflet de l’autre sans qu’en aucune manière il puisse dire exactement lequel des deux est l’image de l’autre.

Ils sont donc là, arrêtés, comme deux frères dissemblables que l’on confondrait pourtant, arborent une mine grave et volontaire dans laquelle se perçoit l’aptitude à affronter et à dominer n’importe quelle situation, aussi difficile ou délicate soit-elle. Et ainsi ils semblent parfaitement au courant de la situation présente ; d’une certaine manière, cela peut s’expliquer par le simple fait qu’ils ont débouché du boulevard G. où ils ont trouvé à se garer, sont allés à leur rencontre sur le même trottoir et ont pu donc assister à toute la progression du groupe qu’ils n’ont pas été surpris de rejoindre en face du cabinet où précisément ils se rendent. Et comme Martine achève de dégager l’ouverture à double battant de la porte, ils s’avancent et, en se plaçant de part et d’autre du corps de Léa, s’apprêtent à intervenir...