Aussi, elle rentre plus tôt qu’à l’accoutumée. Véronique l’ignore, Véronique qui a eu le temps de connaître ses habitudes et sait que jamais le lundi avant 19 h 45 Catherine ne rentre, détail que, malgré la rage, la fureur et le dépit qui l’ont poussée à se donner à Marc, elle n’a pas omis, et sait donc – de l’oreiller elle voit parfaitement le cadran de la pendulette – qu’il lui reste encore une bonne heure – moins les neuf minutes, a-t-elle estimé, qui lui seront nécessaires à l’escamotage de l’amant et à l’effacement de toute trace suspecte dans la chambre et sur elle – dont elle compte bien profiter ; et la perspective de cette bonne heure – il est 18 h 40 à ce moment-là – achève de la faire succomber et se libérer tout à fait dans les bras de Marc ; Marc qui jubile et irradie de désir et de joie, elle qui s’offre et s’abandonne éperdument, et qui ne voit donc plus la pendulette, ne voit plus la chambre, n’entend plus les secondes qui tombent, n’entend pas la porte s’ouvrir, ne voit pas et n’entend pas Catherine s’inscrire dans la chambre, Catherine flageolante et pantelante qui, à la vue du couple hystérique uni à même son propre lit, se fige sur place et se met à pleurer...