Alors, est-elle belle parce qu’elle est ordinaire ? Est-ce l’ordinaire qui, à ses yeux, lui confère de la beauté ? Certainement pas, et il en est parfaitement conscient, ou du moins, puisque malgré tout il ne peut l’affirmer catégoriquement, il se pose, en toute lucidité, la question suivante : comment ordinaire et beauté peuvent-ils se trouver ainsi accordés sans que l’ordinaire ne participe en rien à la beauté ?

Mais ce n’est qu’une question, et des deux, c’est l’ordinaire qui s’efface, disparaît ; cède le pas à la seule beauté à laquelle il succombe tout à fait, et qu’il se doit à présent de « célébrer », elle vers laquelle est allé aujourd’hui son choix après avoir écarté l’autre sans prénom et tellement différente, l’autre qu’il y a deux jours il a visitée et « honorée », la brune au regard distant et ensommeillé ; car ce jour-ci est celui de la beauté de Carine, Carine qui le regarde depuis son enclos de papier et, comme elle l’a tant de fois déjà fait, attend, patiemment et sagement, docile et offerte, attend qu’en lui le vertige monte et grossisse jusqu’à venir s’épancher et s’échouer auprès d’elle dans l’inégalable et incalculable plaisir de l’amour soumis à la chasteté de l’imprimé...