Cela a commencé mercredi où elle s’est rendue à la chapelle et a obtenu du prêtre qu’il brûle les linges de l’autel et une branche de buis qu’elle avait apportée préalablement bénie.

Les cendres ont été recueillies et durant le court office à elle seule réservée (le diocèse est redevable de sa famille de multiples et conséquents dons sous enveloppes cachetées) lui ont été apposées sur le front suivant le traçage de la croix, rituel de ce mercredi des Cendres, premier jour du Carême.

La Cendre est le symbole de la pénitence et de la dissolution du corps ; le Carême – si tant est que l’on puisse l’assimiler à un symbole – celui de l’abstinence et de la privation : durant quarante-six jours, entre le Mardi-Gras, veille des Cendres, et le jour de Pâques (et à l’exception des dimanches), le fidèle se doit d’appliquer le jeûne à l’imitation du Christ qui l'a pratiqué avant de commencer son ministère apostolique. Et c’est ce qu’elle avait eu l’intention de faire, la première fois, alors qu’elle abordait à peine sa onzième année, et c’est ce qu’elle a fait, du moins jusqu’au vingt-huitième jour où on l’a transportée d’urgence dans une clinique privée où, durant une semaine, elle a été soignée dans le plus grand secret et le plus strict anonymat... Mais l’année suivante, elle a réitéré et a tenu jusqu’au trentième jour avant de parcourir le même trajet dans un semi-coma, et est parvenue, l’année suivante, à pousser jusqu’au trente-deuxième jour avant qu’on ne la place dans la même chambre et branche aux mêmes appareils...