Marius est en appui, face à Yvette, les mains agrippées aux bras du fauteuil ; il ne bouge pas et fixe l’écran du téléviseur qui lui renvoie l’image de l’espace du séjour où débouche le couloir. Yvette est livide, mais au fond d’elle soupire : ce n’est pas lui, il n’a pas de trousseau, mais juste une clef qu’il garde toujours dans la poche intérieure droite de sa veste. Et tous deux, à l’écoute du cliquetis insistant, ne bougent plus ; puis tressaillent lorsqu’ils entendent la clef se ficher et actionner le pêne ; et osent enfin se regarder lorsque la porte s’ouvre et se referme, lorsque des pas quiets arpentent le parquet du couloir...
« Ah ! je me disais bien que vous ne pouviez pas être sortie ! »
Il est grand, trapu, se tient à l’entrée du couloir. Il lève les yeux des roues du fauteuil pour considérer Marius, tout d’abord, qui s’est enfin retourné, puis Yvette, qui a repris des couleurs. Il tente un sourire et dit simplement : « police », avant d’inspecter la pièce du regard, sans hâte ni véritable conviction, ou intérêt, mais sans indifférence non plus.
« J’ai pensé que vous ne pouviez peut-être pas vous déplacer ; alors, je me suis dit... » Il exhibe une clef d’où pend un important trousseau. « J’ignorais bien sûr que monsieur était là. Sinon... »