D’où provenait ce bruit de machine ? Selon toute vraisemblance, d’une pièce assez éloignée du hall d’entrée où nous nous trouvions ? Qui le produisait ? Je n’en savais rien, encore qu’il m’ait semblé plus que probable qu’il s’agissait de son mari, ou pour le moins d’un compagnon.

Mais qui qu’il ait été, il est bien évident que je n’avais plus qu’une seule idée en tête, celle de m’éclipser, et il a fallu beaucoup d’insistance de sa part (une insistance sans retenue dont j’ai fini par déduire que cette présence active n’avait pas la moindre importance pour elle) pour que je permette à mon corps de reprendre ses droits, et donc d’accepter la béance de ses lèvres, puis l’étreinte de ses bras, puis l’angle ouvert de ses jambes que tacitement elle m’a proposé de combler à même l’encoignure du mur du hall et celui de la porte d’entrée.

Ça a été bref, jovial et rude, et, en ce qui me concernait, un brin extatique ; extase dont une large part la machine à écrire était responsable – et il est hors de doute qu’elle-même tirait une grande partie de son plaisir de cette vie mécanique, de ce son au rythme duquel nous nous sommes amusé à nous conformer – et qui a trouvé son reste dans la présence d’un cadre contre lequel mon nez allait régulièrement buter...