Du surréalisme, elle ne connaît que l’emploi qu’en font d’une manière tout à fait crétine les journalistes à la télé, et ayant avisé par le plus grand des hasards le mot sur un fascicule exposé dans une vitrine, elle n’a pu faire autrement que d’en prendre aussitôt possession. Elle l’a vaguement feuilleté durant le trajet en bus, moyen de locomotion qu’elle met un point d’honneur à utiliser, comme pour réinsuffler de la vie à la vieille mode de l’encanaillement chère aux demi-mondaines du début du siècle précédent. Elle n’en a pas entamé la lecture, mais du moins s’est efforcée de le laisser en évidence dans le creux de sa main afin que tous les laborieux dont elle partage faussement le sort puissent en déchiffrer la couverture et ainsi se perdre en interrogations quant à sa signification...

Pour l’heure, elle l’a sous le bras (au bout duquel elle hésiterait longuement à mettre un « t » plutôt qu’un « s ») et achève avec une feinte aisance l’ascension de cet immeuble dont deux des appartements lui rapportent chaque mois suffisamment de quoi renouveler quand bon lui semble sa panoplie de shorts, de collants de laine et de vestes coupe XVIIIe qui inondent le marché actuellement (et il s’agit bien du siècle et non d’un quelconque arrondissement)...