Une fois passée la porte, il a appelé Davy pour lui annoncer la nouvelle. Mais Davy n’y était pas. Alors, faute de public et à court de vocabulaire, il est allé à l’étage prendre un dictionnaire muni duquel il est redescendu en le compulsant tout en marchant, « bracali », « gadillat » et « casmanate », jusque dans le vestibule où une sonnette a effectivement retenti (« sanatane » et « tapa »), qui n’était pas celle cervicale guettée, attendue, espérée, mais celle autrement électrique de la porte d’entrée.

Il a ouvert.

Et est resté cloué sur place à la vue de l’homme qui se tenait devant lui, ce vieil ami qu’il n’avait pas vu depuis des siècles, pas depuis son départ il y a des années de cela pour Madagascar, Porto Alegre ou Saïgon, il ne savait plus où, loin en tout cas, cet ami donc qu’il revoyait bien tel qu’il l’avait quitté et qui se tenait à présent devant lui, sourire entendu et complice de celui qui sait surprendre et, en guise de préambule, a simplement dit :

« Alors ? Apollinaire ? Où étais-tu donc passé durant tout ce temps ? »

Apollinaire qui n’en croit pas ses yeux et oubliant traitement et dictionnaire, lâche spontanément :

« Ço alars ! Ormond !... »