En entrant dans le salon, que depuis des lustres Marcelin a investi et occupe en l’ayant déclaré terre anglaise dont il se dit l’ambassadeur, il découvre son père en son milieu, c’est-à-dire au centre exact du triangle que forment son bureau et les deux fauteuils Chesterfield, autrement dit au centre du carré que forme la pièce et dont chaque côté est un pan de bibliothèque. Il y est debout, raide et tendu, le bras droit levé et le gauche accroché au livre dont il lit avec emphase, chaleur et volume les dernières lignes de la page 229, dernière strophe de The Eve of St Agnes, de Keats :
And they are gone : aye, ages long ago
These lovers fled away into the storm.
That night the Baron dreamt of many a woe,
And all his warriors-guests, with shade and form
Of witch, and demon, and large coffin-worm,
Were long be-nightmar’d. Angela the old
Dies palsy-twitch’d, with meagre face deform ;
The Beadsman, after thousand aves told,
For aye unsought for slept among his ashes cold. 1
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1 le peu d’intérêt que nous accordons à l’œuvre de Keats nous oblige à renoncer à toute traduction. Que les non-anglophiles soient rassurés...