« C’est même pas la peine que vous veniez. Ce sera mieux pour le souvenir. »

Mais de cela, il n’était pas question, et Ambroise le voyait bien ainsi, même s’il avait été tout à fait prêt à repartir seul et à s’occuper de tout. Et Raymond, après avoir empoigné le second sac qui contenait tous les effets et biens de Médard – ses jouets, sa gamelle, ses os à mâcher, son bol, ses remèdes, son collier, tout ce que Gilbert avait exigé de voir joint à sa dépouille afin qu’il ne puisse manquer de rien là où il allait –, est passé dans le séjour où toute la famille se tenait prête, déjà habillée des manteaux, des gants, des bonnets et des cache-nez, prête à suivre Ambroise et Raymond, Ambroise prenant la tête, en une file indienne silencieuse jusque dans le noir et le froid de la rue, puis dans le véhicule d’Ambroise qui allait les emmener à l’autre bout du quartier où, sous un mètre de terre gelée, Médard allait reposer à jamais...