Ah, ça ne peut être que ça, je la vois bien, trois fois de suite à mon insu glisser mon bâton, ma bouteille, et ses deux balles sales et traîtresses qui hésitent tout d'abord et qui finalement consentent et pactisent, collaborent et se donnent entièrement à elle qui les voudrait bien, elles aussi, se les glisser, se les enfouir jusqu'aux tréfonds, jusqu'au plus profond d'elle pour pouvoir mieux les sentir, et les presser, les compresser, les pressurer, les aplatir jusqu'à ce que plus une seule goutte ne me reste, à moi, qui en ai aussi besoin, merde... Un moment, ils n'étaient pas là, et l'autre moment juste après ils étaient là, trois, à deux ou trois secondes d'intervalle, ou est-ce deux ou trois années d'intervalle ? mais qu'est-ce que cela fait puisque je n'en ai rien vu, puisque de toute façon ils sont là, trois ? Alors, on fait avec, je fais avec. Avec elle et avec eux je fais. Et avec tous les autres aussi je fais, car s'il n'y avait qu'elle et eux, ce ne serait rien, ou pas grand-chose, ou si peu (ya qu'à fermer les yeux !), mais il y aussi les autres, tous les autres, autour, partout, derrière et devant, et dessus et dessous, là à être et à s'agiter, là à être et à croire croire croire que je ne sais pas, croire que je ne vois rien, croire que tout comme eux je crois, crois que je ne vois pas, crois que je ne sais rien, crois que ces mômes-là sont les miens, que cette femme est la mienne, alors que je ne les connais pas, ne les ai jamais vus, ils sont arrivés hier, ou bien était-ce tout à l'heure, jamais je ne les avais vus auparavant et l'une m'appelle chéri, et les autres m'appellent papa, alors que c'est à peine si je sais comment moi je m'appelle. Et dis voir un peu comment je m'appelle, dis ? Tu le sais, toi ?...