Alexandre interroge et questionne Claude avec de brefs coups d’œil sur la jonchée des boules dans le couloir :

« Quelque chose ne va pas ?  il est arrivé quelque chose ? »

Mais ils ne savent que répéter « Rodrigue, Rodrigue », invariablement, inlassablement ; ainsi jusqu’à ce que la main de Bernadette parte et frappe Ella au visage, Ella qui tout à coup retrouve ses esprits et pour la première fois voit son amie à qui elle explique vite, d’un trait, en un seul jet, de peur d’oublier, de ne plus pouvoir, qu’il est 21 h 00, que Rodrigue n’est pas rentré, que ni l’un ni l’autre n’est allé le chercher à la sortie des classes, que Rodrigue n’est pas là, que cela fait quatre heures qu’il est sorti de l’école, qu’il n’est pas là, n’est pas rentré, n’a pas su rentrer, devrait être là et n’y est pas, qu’aucun des deux n’y a pensé... Et dans un même ensemble, tous les quatre se ruent dans l’escalier, sortent dans la nuit, filent jusqu’à la voiture d’Alexandre dans laquelle ils s’engouffrent et qu’Alexandre met aussitôt en route...