Aussi, les 15 et 16 novembre de chaque année, il passe dans chaque foyer du quartier afin de faire l’estimation de son travail depuis le premier janvier.

Cette après-midi, il fera la rue V. et les voies avoisinantes où, parfois, l’on s’étonne encore de son passage si précoce, ou, pour les nouveaux arrivés, pas encore au fait des rites et habitudes du quartier, de ce que pour le compte d’un même organisme, il y ait deux collectes d’étrennes : la première, celle qu’Albert effectue seul à la mi-novembre, et la seconde, début décembre, dont se chargent spontanément et depuis des années, René et son acolyte de la benne... Alors, comme on s’étonne, on pose la question ; question qui, posée à ses collègues ou à lui-même, reçoit invariablement la même réponse, donnée du bout des lèvres et avec un air de faux détachement, encore qu’avec une bonne dose d’assurance : « C’est pas la même branche, nous (moi) c’est le service routier ! »...